INTERVIEW ROMAIN NEMERY

J’ai le sentiment du devoir accompli

En dépit de sa vaillance habituelle, le Dieppois (9 v, 3 n, 11 d) s’est incliné aux points, à l’unanimité des juges (99-91, 97-93, 100-90), face à Nurali Erdogan (12 v), le 23 octobre, à Cernay, alors que le titre national vacant des welters était en jeu. Un échec avec les honneurs qui inscrit toutefois son avenir pugilistique en pointillés.

Quelle analyse faites-vous de ce championnat de France ?

Tout d’abord, je pense que cela a été un magnifique combat. Dans la salle, tout le monde a été unanime pour le reconnaître. Nurali et moi avons fourni un beau spectacle. Nous avons livré une belle guerre. Le combat a forcément été animé. Dans la mesure où il est plus grand que moi, j’ai cherché à casser la distance. J’ai avancé durant quasiment tout le match en m’évertuant à ne pas rester en face mais à désaxer pour ne pas être une cible facile à toucher. J’ai essayé de le faire avec mes moyens. J’ai réussi à éviter pas mal de coups mais j’en ai aussi pris. Le but était, ensuite, d’enchaîner avec des séries et de le saper au fil des rounds. Lui a très bien bougé et boxé en contres. Techniquement, il a un bagage plus étoffé que le mien. Ses déplacements et ses remises m’ont posé des problèmes. La défaite est normale mais peut-être pas sur un score aussi large que le pointage de certains juges. J’ai donné le meilleur de moi-même et il n’y a pas de regret à avoir. Je suis fier de ce que j’ai fait.

Que vous a-t-il manqué pour inverser la vapeur ?

Ce qu’il me manque depuis pas mal de temps : à savoir, que je donne des coups mais je ne fais pas suffisamment mal pour sonner l’adversaire. Là, j’ai touché Nurali mais ce n’était pas suffisant pour le stopper dans ses actions. En outre, je suis un peu lourd sur mes jambes. Il faudrait que je sois plus rapide dans mes déplacements afin de mieux cadrer et de fermer la porte pour que mon adversaire ne puisse pas s’enfuir. Cela fait partie des soucis que j’ai eus face à Nurali Erdogan. Même si je réussis mieux qu’avant à cadrer, ce n’est pas encore ça. C’est un travail de longue haleine.

« Je ne sais pas ce que je vais faire »

Avez-vous, toutefois, le sentiment d’être arrivé à votre limite sur le plan tactique ou avez-vous encore une marge de progression ?

C’est difficile à dire car j’ai quand même trente-quatre ans. Avec Sofiane Slama, mon coentraîneur à Canteleu avec Sébastien Dufour, à Dieppe, on inclut dans ma préparation physique des exercices relatifs aux déplacements, à la rapidité et à la proprioception. Peut-être que cela m’apportera de nouvelles cordes à mon arc. Il faudra voir dans la durée.

Si vous continuez votre carrière dans le carré magique…

Pour être honnête, je ne sais pas encore ce que je vais faire. Je suis proche de la fin. Je me dis que si dans les semaines à venir, on me propose une belle opportunité, un championnat ou un combat sans titre en jeu mais d’un intérêt sportif réel, je pense que je la saisirais, que ce soit en France ou à l’étranger. Après, il faudra laisser la place aux jeunes. Si je n’ai pas de proposition, il est possible que ce championnat de France soit mon dernier combat. J’ai le sentiment du devoir accompli. Jamais je n’aurais pensé, au début de ma carrière, arriver à ce niveau-là et devenir, un jour, champion de France professionnel. Cela a été l’apothéose.

Parallèlement à la boxe, je suis conducteur de trains de marchandises à l’échelle régionale et interrégionale. Je suis employé par une entreprise privée, Euro Cargo Rail. J’ai des facilités pour m’entraîner dans la mesure où je travaille régulièrement en horaires décalés, ce qui me laisse du temps libre en journée. Cependant, travailler la nuit n’est pas bon pour l’organisme ni pour la récupération. Si bien que, parfois, il y a un peu de fatigue… Par ailleurs, je ne bénéficie d’aucun aménagement particulier. Par exemple, si j’ai besoin de plusieurs jours pour aller faire des séances de sparring, il faut que je les prenne sur mes congés.

Propos recueillis par Alexandre Terrini

INTERVIEW MATTEO HACHE BOXE NORMANDIE

Dans cette toute nouvelle rubrique, nous tenterons de donner la parole aux boxeurs évidement, mais pas seulement…tous les acteurs normands du noble art qui font l’actualité, qui ont quelque chose à dire pourront le faire puisque cette rubrique s’intitule très justement : Normand dis.

Et pour cette première, nous tendons le micro à un garçon qui est un OVNI dans la planète boxe hexagonale actuelle.

À l’heure où beaucoup de carrières sont calculées au cordeau pour prendre un minimum de risques,  accouchent péniblement de combats au mieux inintéressants… lui a décidé de faire le show et de prendre de vrais risques pour avancer vers le but qu’il s’est fixé !

Il s’est lancé le défi de remplacer au pied levé  le champion de France Farrhad Saad qui a refusé d’affronter son challenger Moughit « Guito » El Moutaouakil le 5 octobre prochain à Monaco dans le cadre des prestigieux  Sportel Awards.

Tout en étant décontracté, souriant certes … mais déterminé !

Quand le talent rencontre le spectaculaire, quand le culot rejoint l’ambition, Mattéo veut bousculer la hiérarchie et la boxe plan plan…

Et nous à NORMAND DIS : bah… on aime ça !

Peux-tu te présenter pour les lecteurs du site du comité régional qui ne te connaîtraient pas ?

Je m’appelle Mattéo Hache, je viens de Rouen, j’ai 22 ans, je fais de la boxe depuis mes 13 ans et je suis passé professionnel le 14 décembre 2019.

Depuis, j’ai effectué 7 combats qui se sont soldés par des victoires.

La décision  de remplacer Farrhad Saad dans le championnat de France a-t-elle été prise en concertation avec ton équipe ou tu as tout de suite sauté sur loccasion ?

J’ai tout de suite sauté sur l’occasion en déclarant que moi, je voulais bien affronter Moughit El Moutaouakil, puis j’ai appelé mon promoteur Maxime Beaussire afin de pouvoir effectuer les démarches nécessaires.

Il était super content de l’initiative, ensuite on a organisé le travail en équipe.

Dans quel état desprit te trouves-tu avant ce combat ?

Le meilleur possible puisque je n’ai aucune pression.

Je te rappelle que le combat se passe en terrain neutre, que Guito n’est pas le champion et que je sais que j’ai la boxe pour le déranger.

En plus même, si je n’ai eu que 15 jours de préparation, j’ai la condition physique nécessaire et je sais que ce combat sera, de toutes façons, un tremplin dans ma carrière, donc tu vois, ça ne peut pas aller mieux ! (Rires)

Tu sembles toujours très calme, presque nonchalant sur le ring…est-ce ta nature profonde ou un rôle que tu joues ?

Non non c’est vraiment moi (rires).

Je suis beaucoup dans la réflexion, dans l’étude de l’adversaire… cela peut donner à penser que c’est de la nonchalance mais c’est juste mon style, ma personnalité.

Je ne pratique pas le trash talking en général et si parfois je le fais…alors là, je joue un rôle !

Mais ça arrive uniquement en réponse à l’adversaire (rires).

J’aime bien donner une illusion de facilité sur le ring puis je complique les choses au fur et à mesure du combat (rires).

Que penses-tu de cette médiatisation soudaine ?

En fait ça ne me change pas beaucoup car je suis déjà pas mal médiatisé en Normandie…

Avec la boxe bien sûr mais aussi par le biais des différentes actions sportives à but caritatif que j’ai entreprises ces derniers temps (action en faveur de l’association vaincre la mucoviscidose ou encore pour les sans-abris de Rouen).

Je suis donc habitué aux plateaux TV et radio (rires).

Et puis, pour moi, boxer à Monaco ou à Barentin c’est pareil !

Je boxe pour moi et mes proches et je ne me préoccupe pas trop de ce qui se passe autour… même si ça fait super plaisir de recevoir tous ces messages et savoir que je suis soutenu par toute une région.

propos recueillis par C.R.

La Championne du Monde, Maïva Hamadouche, en stage à Pont-Audemer

Le Comité régional de Boxe de Normandie a eu le plaisir et l’honneur de recevoir dans ses locaux, mercredi 16 juin, la championne du Monde IBF des poids super-plume, Maïva HAMADOUCHE, venue peaufiner sa préparation olympique dans le club d’Alain VASTINE en compagnie de son entraîneur national, Anthony VENIANT.

Cette championne d’exception, toujours à la recherche d’un nouveau défi, a souhaité prendre en compte les conseils d’Alain pour compléter sa préparation. Dans la salle d’entrainement du Boxing Club de Pont-Audemer, Alain avait mis à sa disposition des sparring-partners de qualité en la personne de Mattéo RIVOUAL et d’Enzo MARGUERITE qui avaient été libérés de l’INSEP pour la circonstance.

Lors d’un déjeuner partagé, nous avons pu prendre conscience de la volonté hors norme de cette championne. Mais aussi de son extrême gentillesse.

Unique sélectionnée olympique féminine pour les J.O, nous lui souhaitons le meilleur à Tokyo.

Par Michel CORBIERE