La boxe professionnelle à Villers sur Mer

SAMEDI 18 DÉCEMBRE

Davide Nicotra présentait cinq combats professionnels dont une finale de la coupe de France élite des poids moyens mettant aux prises Anauel Ngamisengue (9 v) et Kassimou Mouhamadou (7 v, 6 d).

Cette finale constituait une revanche entre les deux hommes, Anauel Ngamisengue ayant remporté aux points le premier affrontement. Très bon boxeur et dur au mal, Kassimou Mouhamadou la voulait cette victoire mais c’était sans compter sur la volonté et le talent de son rival qui entendait confirmer le premier résultat. Anauel Ngamisengue a impressionné le nombreux public du gymnase de la Fighting Académie Club par sa puissance et l’étendue de son arsenal technique. Le valeureux Kassimou Mouhamadou a été compté deux fois au 2eme round, la 1ère suite à un crochet gauche à la face et la seconde sur un crochet droit qui l’a envoyé au tapis. Kassimou Mouhamadou s’est repris lors de la reprise suivante avant qu’Anauel Ngamisengue ne produise une prodigieuse accélération au 4ème round. Le protégé de Bob Sita a délivré une série des deux mains conclue par une terrible droite à la face qui a projeté au sol Kassimou Mouhamadou, ce dernier allongé de tout son long sur la bâche était irrémédiablement mis KO par ce coup d’une puissance inouïe.

Le jeune super-welter Bakary Samake (7 v) a eu fort à faire avec un Houcine Moulahi (3 v, 8 d, 1 n) offensif et accrocheur à souhait. Houcine Moulahi a récolté deux avertissements pour accrochages répétés au 5ème et 8ème round. Bakary Samake a fait preuve d’une étonnante maturité malgré son jeune âge pour se sortir du métier et de la fougue de son rival. Il s’est imposé aux points pour les trois juges.

En poids légers, le talentueux Léger Mevy Boufoudi (7 v) a battu le Géorgien Mikhaïl Gabinashvili (7 v, 27 d, 2 n) par abandon à l’appel de la 5ème reprise. Mevy Boufoudi a offert au public une démonstration de noble art en sortant tous les coups de la boxe. Crochets, uppercuts et feintes, le Georgien a tout encaissé, montrant au passage une solidité à toute épreuve. Mikheil Gabinashvili, qui avait beaucoup reçu, était dans l’incapacité de reprendre le combat au 5ème round.

En mi-lourds, Dylan Colin (9 v) a largement battu aux points (60-54, 60-54, 60-54) Maurice Possiti (20 v, 17 d). Dylan Colin a dominé les débats avec son bras avant et ses crochets au corps et à la face. Maurice Possiti est demeuré dangereux en attendant de saisir la moindre ouverture pour placer ses contres.

Le poids Welter Romain Lehot (3 v) a battu par décision majoritaire (38-38, 40-36, 39-37) Naim Belhacene (1 v, 3 d).  

Michel BEUVILLE

Un quatuor qui a fait bonne figure

Les quatre pugilistes représentant le Comité régional lors des demi-finales et finales des Championnats de France amateurs (CFA) seniors masculins, les 10 et 11 décembre à Pontoise, ont été à la hauteur de l’évènement même si seul Lounès Hamraoui a été sacré.

Lounès Hamraoui enquille

Une nouvelle fois sacré en -64 kg, le sociétaire du Noble Art de Rouen a eu fort à faire en finale. Il a dominé (5-0) le Tahitien de Nantes, Tautuatemaeva Dauphin, qui a voulu imposer de bout en bout une épreuve de force. « C’est mon septième titre national et donc, forcément, une grande satisfaction et un soulagement en même temps qu’une confirmation, juge Lounès Hamraoui. Cela a été une très belle finale avec un très bon adversaire. Au premier round, il m’est rentré dedans car je pense qu’il a voulu rouvrir ma blessure que j’avais contractée en demi-finale parce que si j’avais été arrêté, j’aurais été automatiquement déclaré perdant. Heureusement, j’ai su gérer. Ensuite, j’ai fait la différence grâce à ma technique et à mon coup d’œil. Mes coupures à l’œil et derrière l’oreille ne m’ont pas mis très à l’aise, si bien que je n’étais pas à 100 % mais j’ai su me rattraper grâce à mon bagage pugilistique. » Une performance qui incite plus que jamais l’intéressé à se tourner vers l’avenir : « A présent, mon objectif, c’est avant tout de prouver à l’international. J’ai digéré mon élimination en huitième de finale des Mondiaux. Cela a été compliqué car elle a eu lieu face à un boxeur que j’avais déjà battu. Je pense que j’avais largement ma place sur le podium. C’est la vie. Il faut passer à autre chose. Je vais me préparer pour les prochains championnats d’Europe et du monde ainsi que pour les JO de Paris qui sont dans le collimateur. J’ai, en effet, l’intention de rester amateur jusqu’en 2024. »

Enzo Marguerite a tout donné

En demi-finale des -69 kg, Enzo Marguerite a subi la loi (5-0) d’Hugo Grau à l’issue de ce qui était considéré, par beaucoup, comme une finale avant l’heure. Les juges ont privilégié la mobilité et la boxe très complète du Vendéen qui a su esquiver et remiser à bon escient quand le Normand du BC de Pont-Audemer a fait montre d’un entrain et d’une activité irréprochables tout au long des trois rounds. « J’ai fait ce que j’ai voulu faire, commente-t-il. J’ai écouté mon coin en appliquant la bonne stratégie. En l’occurrence, ne pas le lâcher, lui mettre la pression et sortir en crochets car il boxe en ligne. Je me vois remporter le premier round, au cours duquel j’ai été plus précis, et le troisième où je suis allé chercher la victoire en avançant sans cesse et en le touchant bien avec des coups nets. À mon sens, je n’ai perdu que le deuxième car j’ai eu une petite baisse de régime. Je suis à la fois satisfait de ma prestation et très déçu du résultat car je me suis vraiment arraché à l’entraînement pour décrocher cette ceinture. Je suis quand même allé jusqu’en demi-finale alors que ce n’est que ma première année en seniors et que je suis monté de catégorie. C’est un beau parcours qui est prometteur même si, encore une fois, je voulais aller au bout. » L’élève d’Alain Vastine mesure le chemin accompli : « J’ai énormément progressé. J’ai beaucoup gagné en puissance tandis que sur le plan physique, je suis très fort. Je ne le lâche pas le morceau. J’ai le mental. Le fait d’être à l’Insep m’a notamment permis de m’améliorer techniquement, d’être plus efficace dans mes coups et vraiment plus explosif. Je vise une participation aux Jeux de Paris en 2024. »

Baptiste Cheval a fait mieux que résister

Champion de Normandie en -75 kg, le pensionnaire de la Jeunesse Sportive de Fleury a offert une belle réplique toute en mobilité devant l’épouvantail de la catégorie, le surpuissant Moreno Fendero, vainqueur à l’unanimité (5-0). Une performance qui n’a pourtant pas lieu de combler, loin s’en faut, le Normand : « Je ne suis pas du tout content de moi. Il faut savoir que j’avais arrêté la boxe pendant trois ans et demi. Je n’ai repris que cette année et je savais que cela allait être dur. J’ai fait une mauvaise prestation contre Moreno. Je reviendrai la prochaine fois en étant plus expérimenté. En effet, ce n’était que mon dix-huitième combat en amateurs. Lui a eu la chance de pouvoir boxer pendant la crise sanitaire, ce qui n’a pas été mon cas. Mais je n’ai pas d’excuse et c’est un très beau champion. J’ai eu un coup de mou. J’ai manqué d’envie alors que je l’avais avant de monter sur le ring. Cela est sans doute dû à l’enjeu car c’est la première fois que je participe aux CFA. Il fallait surtout ne pas trop reculer ni me laisser acculer dans les cordes. Le niveau national, ce n’est pas la même chose que le niveau régional. Cela me servira de leçon. Néanmoins, je suis content de ce que j’ai accompli au cours de la compétition. Il y a encore six mois, j’étais en train de m’amuser avec mes potes (rire). Jamais de ma vie, je n’aurais pensé disputer les demi-finales des CFA. Je vais continuer dans les rangs amateurs. On verra où cela me mènera. Dans l’idéal, j’aimerais intégrer le collectif de l’équipe de France. »

Louis Ameline est passé près

Vice-champion de Normandie des -75 kg et, jusque-là, régulièrement convoqué en équipe de France junior, l’éminent membre du RO Lexovien n’a pas perdu de temps et est déjà dans son élément chez les grands. Même s’il s’est incliné (4-1) en finale des championnats régionaux contre Baptiste Cheval, il s’est montré à son avantage lors de ces CFA, échouant seulement en demi-finale devant Thierry Ngouda. De quoi l’inciter à un certain optimisme : « Je suis quand même satisfait de mon parcours car c’est ma première année en seniors. La transition s’est, dans l’ensemble, bien passée. Disons que cela frappe plus fort et que les coups font un peu plus mal (sourire). Pour le reste, je suis dans une certaine continuité. J’ai gagné en technique. J’ai perdu face un boxeur qui avait été finaliste de la précédente édition et ce, en faisant un beau combat. Comme, lors des tours précédents, il n’avait fait qu’avancer, je pensais qu’il allait me rentrer dedans. Or, finalement, il a plus tourné que d’habitude. Cela ne m’a pas gêné car ma boxe consiste également à avancer. En fait, il m’a manqué un peu de cardio car j’ai été rapidement fatigué. Je pense que cela est en partie dû au stress car je m’étais bien entraîné pour cette échéance. Il y avait les moyens de passer. J’ai raté la qualification de peu. » Même s’il est encore très jeune, Louis Ameline ambitionne d’intégrer l’Insep en 2022 et a « quand même les Jeux de Paris dans un coin de (sa) tête mais si ce sera difficile » d’y viser une qualification. Pour lui comme pour les autres.

Alexandre Terrini

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La boxe amateur normande se distingue

Quatre Normands, tous sexes confondus, demeuraient en lice dans le dernier carré des Championnats de France amateurs (CFA) seniors masculins et féminins qui se sont déroulés les 10 et 11 décembre, à Pontoise. Même s’il y a du pain sur la planche, pareille représentation est une bonne surprise.

Dans la plupart des cas, pas plus de quatre participants par catégorie aux championnats de Normandie seniors ; seulement deux catégories ouvertes chez les féminines ; une seule finale régionale en juniors ; aucun participant en cadets : de tels chiffres auguraient des CFA périlleux pour les pugilistes du Comité de Normandie. Il n’en a rien été puisqu’un quartet de talent a su tirer son épingle du jeu. En effet, Lounès HAMRAOUI (-64 kg, Le Noble Art de Rouen), Enzo MARGUERITE (-69 kg, BC de Pont-Audemer), Louis AMELINE (-75 kg, RO Lexovien) et Baptiste CHEVAL (-75 kg, Jeunesse Sportive de Fleury/Orne) étaient encore en course pour le titre national, en seniors, à l’heure où débutaient les demi-finales des CFA.

Pourtant, et c’est là tout le paradoxe, les championnats régionaux, qui se sont tenus à Saint-Lô, laissaient penser que 2021 ne serait pas un cru majeur. La très faible quantité d’inscrits avait d’emblée donné le ton. « Quand on voit le peu d’engagés, on comprend que la Covid-19 a laissé des traces, déplore Abdelkader Bouhenia, Conseiller technique national (CTN) référent de la Direction technique nationale (DTN) en Normandie. Il n’y a pas eu beaucoup de combats. Les années précédentes, nous programmions quatre tours dans la plupart des catégories… Pourtant, l’Équipe technique régionale (ETR) avait organisé deux stages, au Havre et à Pont-Audemer, pour que les athlètes puissent retrouver les sensations inhérentes à la compétition. »

« Il faut reprendre le travail à la base, dès la boxe éducative »

Une initiative appréciable qui n’a pas suffi à relancer la machine chez tout le monde.  Président du Comité régional, Michel Corbière voit plusieurs raisons à cette défection quasi-généralisée : « La plupart les gens ne sont revenus à la salle qu’en septembre et beaucoup n’ont pas pu se préparer comme ils l’auraient voulu. Si bien qu’ils n’ont pas voulu prendre le risque de s’inscrire et de participer à une compétition donc ils connaissent la difficulté. Par ailleurs, des amateurs de bon niveau, qui avaient déjà une certaine expérience à leur actif, ont souhaité passer professionnels pour pouvoir continuer à s’entraîner pendant les confinements successifs. Enfin, des espoirs prometteurs, qui auraient normalement dû boxer depuis deux ans, n’avaient, du coup, pas à leur palmarès le nombre minimal de combats exigible pour être autorisés à s’aligner ensuite aux CFA. Bref, il faut reprendre le travail à la base, dès la boxe éducative. »

Sur le ring de Saint-Lô, tout n’a pas été probant. « Le bilan est mitigé car le niveau a été un peu en deçà, reconnaît Abdelkader Bouhenia. Je n’ai pas été impressionné par ce que j’ai vu. Dans l’ensemble, les finales ont été brouillonnes avec des garçons qui, souvent, boxaient à l’instinct. En outre, ils tardaient à entrer dans le combat. Ils laissaient passer une à deux minutes, parfois un round, avant de comprendre ce qu’il se passait. Et ce, au lieu de trouver la solution au bout d’une dizaine de secondes, de mettre rapidement en place leur schéma tactique et de s’y tenir jusqu’au bout. Ils n’étaient pas immédiatement sur l’adversaire. Et, à force de laisser à ce dernier la possibilité de s’exprimer, on a assisté à des retournements de situation. C’est pour cela que, lors des entraînements, j’insiste beaucoup sur les éléments technico-tactiques qui permettent d’être performant, à savoir, les préparations d’attaque, la continuité des actions, la faculté de ne pas déclencher pour rien, l’intelligence de ring etc. »

« Une génération qui esquive la compétition »

Le CTN regrette, de surcroît, que l’on ait affaire « à une génération qui esquive la compétition et qui ne veut plus aller au charbon. On manque de combattants, si bien que l’on fait avec les moyens du bord. Il n’y a pas beaucoup de concurrence. C’est ce qui nous fait défaut. Auparavant, il y avait des catégories extrêmement relevées. Là, on pouvait, dès le départ, prédire qui serait le champion alors que par le passé, c’était indécis dans la mesure où deux ou trois profils se démarquaient. »

Toutefois, le tableau n’est pas uniquement composé d’ombres. « D’un côté, j’ai été déçu par des éléments qui savent très bien boxer mais qui n’ont pas forcément réussi à se surpasser ; de l’autre, j’ai vu des profils avec peu de combats mais qui présentent des prédispositions et qui, à terme, sont susceptibles de performer, se réjouit Abdelkader Bouhenia. Quant aux filles, elles sont volontaires, toujours mobilisées et partantes. Elles ne chipotent pas. La plupart viennent de la BEA. Il y a une réelle dynamique chez les féminines. C’est très prometteur. Les mettre en lumière est d’ailleurs l’une des priorités du Comité. Nous allons redoubler d’efforts les concernant, en particulier en programmant, dans le cadre de l’ETR, des regroupements exclusivement à leur intention. » Parce qu’elles le valent bien.

Alexandre Terrini

4 BOXEURS NORMANDS EN 1/2 FINALE DES CFA 2021 à PONTOISE

-64 kg    Lounes HAMRAOUI – Noble Art de Rouen

-69 kg    Enzo MARGUERITE – BC Pont-Audemer

75 kg    Louis AMELINE – RO Lexovien

75 kg    Baptiste CHEVAL – JS Fleury/Orne

Le Comité régional les félicite pour être parvenus à se hisser à ce niveau et leur souhaite la meilleure des réussites pour la suite de la compétition.

LES ACTEURS SPORTIFS NORMANDS

Jeudi 2 décembre 2021 à l’Amirauté de Deauville, le CROS de Normandie organisait la cérémonie de la remise des trophées des Acteurs Sportifs Normands

Cette distinction a pour but d’encourager et de valoriser les sportifs ayant obtenu des résultats exceptionnels, les entraîneurs et dirigeants ayant effectué un travail d’importance au service de leur sport.

A cette occasion, Thierry BERTRAND, entraîneur de la JS Fleury/Orne a reçu ce trophée des mains du Président du CROS, Monsieur Nicolas MARAIS. Michel CORBIERE, Président du Comité en a profité pour rappeler l’investissement et le travail du récipiendaire au service de la boxe normande.

La cérémonie s’est prolongée autour d’un verre de l’amitié auquel participait le président de la JS Fleury/Orne, le président du Comité départemental de Boxe du Calvados et le vice-président du Comité régional.

« Normand dis » donne la parole aujourd’hui à Maxime Beaussire

Le conquérant part à l’assaut de la promotion et en attendant la création de sa société, il ne reste pas les bras croisés !

Il passe derrière le rideau pour faire gravir à Matteo Hache les marches du succès et ces deux-là ne manquent pas de souffle puisqu’ils les montent quatre à quatre !

Du coup, nous à « Normand dis », on a pris une profonde inspiration pour tenter de suivre le « neo-prom » dans ses velléités d’altitude…

Bonjour Maxime, nous vous avions laissés, toi et Matteo dans l’euphorie du titre national chez les poids moyens, avec à la clef, une revanche à accorder à Moughit El Moutaouakil et aujourd’hui il est question pour El Métronome de disputer un titre WBA continental dans la catégorie supérieure… ça mérite quelques éclaircissements non ?

Oui je te l’accorde (rires).

Nous devions effectivement accorder une revanche à Guito et les contacts avaient été pris avec Brahim Asloum (directeur du Levallois Sporting Club où s’entraîne M.E.M).

Mais nous considérions que le champion devait défendre son titre à domicile, ce qui n’était pas du goût du camp adverse, donc les premières tractations en étaient là.

D’ailleurs j’aimerais revenir sur le championnat de France ; la victoire de Matteo fût certes serrée mais elle ne fût pas controversée contrairement à ce que j’ai pu entendre ici et là…Matteo a gagné, ça ne fait aucun doute !

Et c’est tout à son honneur d’avoir tenté de lui accorder une revanche compte tenu des délais très courts que celle-ci impliquait !

Evidement Guito a été prévenu du changement de stratégie le premier.

Parle-nous de ce titre WBA continental que doit disputer Matteo le 20 novembre prochain…

Il nous a été proposé il y a seulement quelques jours par Gérard Teysseron et nous avons décidé de l’accepter.

Décidément nous sommes spécialisés dans les défis de dernière minute (rires)

Mais Matteo est toujours prêt et l’adversaire abordable.

Emre Cukur est un boxeur allemand et le combat aura lieu chez lui à Munich.

Il affiche un palmarès de dix-huit combats pour dix-sept victoires mais on espère bien créer encore la surprise et revenir avec le titre, ce qui permettrait à Matteo d’être très bien classé dans les rankings de la WBA.

Tu as personnellement étudié l’adversaire et défini une tactique ?

Non, je l’ai un peu étudié évidement mais je laisse le soin à Jean Michel Levasseur et l’équipe de définir la tactique.

Même si je peux te dire que le risque est mesuré et que cette ceinture est faisable, mon rôle se situe plus dans la partie administrative et organisationnelle.

Justement, parles-nous un peu des futures organisations que tu souhaites mettre en place…

Je ne peux pas trop en dévoiler pour l’instant mais je peux déjà te dire que nous allons concevoir une tournée en Normandie évidement, et basée sur un nouveau modèle de gala de boxe.

Nous travaillons sur un concept alliant l’histoire et le patrimoine normand en journée mais pas que…et suivies de soirées de boxe, mais pas que…

Tu n’en sauras pas plus pour le moment, inutile d’insister ! (Rires).

Et bien entendu, je me mettrais à la recherche d’un diffuseur télé, que ce soit un média classique ou sur internet, la boxe a absolument besoin de relais médiatiques pour intéresser les investisseurs et sponsors.

Es-tu devenu organisateur après ta rencontre avec Matteo ou était ce déjà encré dans ta tête avant ?

Si tu suis bien, je suis organisateur depuis 2012, car je me suis beaucoup occupé de mes combats.

Donc je savais déjà que c’était ma voie.

Ensuite, Matteo m’a appelé pour mettre les gants, j’ai accepté avec plaisir car même s’il n’avait qu’un seul combat à ce moment-là, je le savais très bon et ça rentrait parfaitement dans le programme de préparation que j’effectuais à ce moment-là.

A la fin de l’échange, j’étais convaincu de son talent et de mon envie de m’occuper de lui (Rires) !.

A « Normand dis » on souhaite à ce binôme de choc toutes les réussites et on espère les revoir très vite sur leurs terres pour la suite de leurs aventures…on vous tiendra au courant de la suite des événements !

Interview CR

« Tout n’est que travail et il faut rêver »

Le début de carrière du Barentinois (8 v) est atypique : il s’est paré du titre national professionnel des moyens, à vingt-deux printemps, avec seulement huit combats au compteur après une victoire aux points, contestée, aux dépens de Moughit El Moutaouakil (15 v, 1 n, 2 d), le 5 octobre, à Monte-Carlo. Confessions d’un pugiliste détonnant.

Vous voilà champion de France après avoir accepté au pied levé d’être cochallenger…

J’ai eu un peu de temps pour redescendre et me remettre de l’impact du titre. Les premiers moments ont été compliqués parce que l’on m’a accusé d’avoir volé ma victoire. Au départ, j’ai donc eu un peu de mal à savourer la victoire. D’ailleurs, quand je suis rentré à l’hôtel après le combat, je n’ai pas fêté ma victoire. Je l’ai regardé trois à quatre fois en m’efforçant d’être le plus objectif possible. Ce n’est vraiment qu’après ça que je me suis dit que ce que l’on me reprochait n’était pas vrai. J’ai alors pu savourer mon succès. J’ai été sous le feu des projecteurs très vite mais cette ceinture est un grand bonheur, pour toute ma famille et pour mes amis.

Vous avez forcé votre destin…

Quand j’ai vu, sur Facebook, que l’on cherchait un cochallenger, j’ai appelé Maxime Beaussire qui est mon promoteur et mon ami. Je lui ai dit : « On y va ? » Il m’a répondu : « Bien sûr. » Et voilà (sourire). Il n’y a pas eu d’hésitation car c’est une chance qui, sinon, ne se serait pas présentée aussi vite. J’ai donc sauté sur l’occasion. Et, jusqu’à preuve du contraire, j’ai bien fait ! Je n’étais pas classé car je n’avais pas, à mon actif, le nombre minimal de combats, à savoir dix, requis pour disputer un championnat de France. J’ai donc appelé la Fédération pour demander une dérogation sachant que personne, dans les dix premiers du classement national de la catégorie, n’avait accepté de faire ce combat.

« S’il doit y avoir une revanche, il y en aura une »

On se risque à vous poser la question : êtes-vous convaincu d’avoir gagné ?

Oui, bien sûr. Même si le combat a été très serré, ce dont je suis conscient, les gens ont vu que malgré la déferlante de frappes déclenchées par Guito, beaucoup étaient bloquées tandis que nombre de mes remises touchaient. Même s’il a été plus intensif que moi, on ne peut pas contester que j’ai été plus précis. Or, la boxe professionnelle donne la primauté à celui qui comptabilise le plus d’impacts sur les zones autorisées. Et je pense que c’est moi qui ai excellé dans ce domaine. Par ailleurs, ma technique et ma stratégie étaient meilleures. Il y a un ressenti quand on boxe : là, à chaque fin de round, plus les reprises passaient, plus je savais qu’il s’avait qu’il perdait. Cela se voyait. Ceci dit, je ne suis pas là pour dire que j’ai gagné haut la main. Je pense l’avoir emporté parce que l’on m’a appris une boxe qui est le noble art, c’est-à-dire toucher sans se faire toucher. Je me suis toujours entraîné très dur pour ça.

Toutefois, le Président de la FF Boxe, Dominique Nato, a ordonné une revanche…

Il n’y a pas de souci. S’il doit y avoir une revanche, il y en aura une. Il n’y aura aucun problème si cela se fait dans de bonnes conditions et que l’on s’entend. On verra ça en temps voulu, sachant que depuis ma victoire, j’ai reçu beaucoup de propositions.

Pas grand monde ne vous connaissait avant ce succès. Qui êtes-vous, en fin de compte ?

J’habite Saint-Pierre-de-Varengeville, en Seine-Maritime. J’ai commencé la boxe à quatorze ans, à Barentin. J’y suis toujours licencié. Je n’ai jamais quitté mon club. J’ai tout de suite aimé, dans ce sport, le dépassement de soi et la dimension à la fois stratégique et scientifique de ce sport. Je suis un addict de l’entraînement et du travail.

« Je ne fais que de la boxe et je n’ai pas d’emploi à côté »

A vous voir et à vous entendre, on serait enclin à penser que vous n’avez pas un tempérament qui vous prédestine à ce sport…

Oui parce que l’on est encore beaucoup dans le stéréotype qui voudrait que les personnes qui font de la boxe doivent venir des quartiers. A mon âge et malgré le fait que je sois issu d’une petite campagne, j’ai vécu bien plus de choses que ce que certains assurent avoir vécu. Je sais ce que je veux, pourquoi je m’entraîne et je me mène la vie dure, en particulier pour mon père. Je rêve de lui donner une vie et une retraite meilleures mais également de prouver aux gens, aux enfants et aux adolescents que peu importe l’âge, on n’a pas le droit de nous enlever nos rêves. Quand j’ai commencé la boxe, on m’a toujours dit que je ne ferais rien et que passer professionnel serait peine perdue parce que je suis issu d’une petite ville, que j’ai une gueule d’ange et que je ne suis pas taillé dans la pierre. On m’a dit que je ne pourrais espérer, au maximum, que remporter le Critérium. Or, aujourd’hui, je suis dans le top 80 mondial du classement Boxrec. Je veux partager ma philosophie de vie avec les gens de mon âge : tout n’est que travail et il faut rêver. Moi, j’ai décidé de faire tout ce qui est possible parce que je souhaite réussir dans ce milieu. Je veux m’en donner les moyens afin que mes rêves deviennent réalité.

Concrètement, qu’est-ce que cela signifie au quotidien ?

Je ne fais que de la boxe et je n’ai pas d’emploi à côté. J’essaye de trouver un maximum de sponsors pour financer mes saisons et pouvoir m’entraîner tous les jours. Je survis et je fais du mieux que je peux. C’est une décision que j’ai prise et je ne peux donc pas m’en plaindre. J’estime que si je veux atteindre le niveau supérieur, il faut que je m’entraîne quotidiennement avec mon coach à Barentin, Jean-Michel Levasseur, et que je consacre ma vie à ça.

Propos recueillis par Alexandre Terrini

INTERVIEW ROMAIN NEMERY

J’ai le sentiment du devoir accompli

En dépit de sa vaillance habituelle, le Dieppois (9 v, 3 n, 11 d) s’est incliné aux points, à l’unanimité des juges (99-91, 97-93, 100-90), face à Nurali Erdogan (12 v), le 23 octobre, à Cernay, alors que le titre national vacant des welters était en jeu. Un échec avec les honneurs qui inscrit toutefois son avenir pugilistique en pointillés.

Quelle analyse faites-vous de ce championnat de France ?

Tout d’abord, je pense que cela a été un magnifique combat. Dans la salle, tout le monde a été unanime pour le reconnaître. Nurali et moi avons fourni un beau spectacle. Nous avons livré une belle guerre. Le combat a forcément été animé. Dans la mesure où il est plus grand que moi, j’ai cherché à casser la distance. J’ai avancé durant quasiment tout le match en m’évertuant à ne pas rester en face mais à désaxer pour ne pas être une cible facile à toucher. J’ai essayé de le faire avec mes moyens. J’ai réussi à éviter pas mal de coups mais j’en ai aussi pris. Le but était, ensuite, d’enchaîner avec des séries et de le saper au fil des rounds. Lui a très bien bougé et boxé en contres. Techniquement, il a un bagage plus étoffé que le mien. Ses déplacements et ses remises m’ont posé des problèmes. La défaite est normale mais peut-être pas sur un score aussi large que le pointage de certains juges. J’ai donné le meilleur de moi-même et il n’y a pas de regret à avoir. Je suis fier de ce que j’ai fait.

Que vous a-t-il manqué pour inverser la vapeur ?

Ce qu’il me manque depuis pas mal de temps : à savoir, que je donne des coups mais je ne fais pas suffisamment mal pour sonner l’adversaire. Là, j’ai touché Nurali mais ce n’était pas suffisant pour le stopper dans ses actions. En outre, je suis un peu lourd sur mes jambes. Il faudrait que je sois plus rapide dans mes déplacements afin de mieux cadrer et de fermer la porte pour que mon adversaire ne puisse pas s’enfuir. Cela fait partie des soucis que j’ai eus face à Nurali Erdogan. Même si je réussis mieux qu’avant à cadrer, ce n’est pas encore ça. C’est un travail de longue haleine.

« Je ne sais pas ce que je vais faire »

Avez-vous, toutefois, le sentiment d’être arrivé à votre limite sur le plan tactique ou avez-vous encore une marge de progression ?

C’est difficile à dire car j’ai quand même trente-quatre ans. Avec Sofiane Slama, mon coentraîneur à Canteleu avec Sébastien Dufour, à Dieppe, on inclut dans ma préparation physique des exercices relatifs aux déplacements, à la rapidité et à la proprioception. Peut-être que cela m’apportera de nouvelles cordes à mon arc. Il faudra voir dans la durée.

Si vous continuez votre carrière dans le carré magique…

Pour être honnête, je ne sais pas encore ce que je vais faire. Je suis proche de la fin. Je me dis que si dans les semaines à venir, on me propose une belle opportunité, un championnat ou un combat sans titre en jeu mais d’un intérêt sportif réel, je pense que je la saisirais, que ce soit en France ou à l’étranger. Après, il faudra laisser la place aux jeunes. Si je n’ai pas de proposition, il est possible que ce championnat de France soit mon dernier combat. J’ai le sentiment du devoir accompli. Jamais je n’aurais pensé, au début de ma carrière, arriver à ce niveau-là et devenir, un jour, champion de France professionnel. Cela a été l’apothéose.

Parallèlement à la boxe, je suis conducteur de trains de marchandises à l’échelle régionale et interrégionale. Je suis employé par une entreprise privée, Euro Cargo Rail. J’ai des facilités pour m’entraîner dans la mesure où je travaille régulièrement en horaires décalés, ce qui me laisse du temps libre en journée. Cependant, travailler la nuit n’est pas bon pour l’organisme ni pour la récupération. Si bien que, parfois, il y a un peu de fatigue… Par ailleurs, je ne bénéficie d’aucun aménagement particulier. Par exemple, si j’ai besoin de plusieurs jours pour aller faire des séances de sparring, il faut que je les prenne sur mes congés.

Propos recueillis par Alexandre Terrini