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La boxe amateur normande se distingue

Quatre Normands, tous sexes confondus, demeuraient en lice dans le dernier carré des Championnats de France amateurs (CFA) seniors masculins et féminins qui se sont déroulés les 10 et 11 décembre, à Pontoise. Même s’il y a du pain sur la planche, pareille représentation est une bonne surprise.

Dans la plupart des cas, pas plus de quatre participants par catégorie aux championnats de Normandie seniors ; seulement deux catégories ouvertes chez les féminines ; une seule finale régionale en juniors ; aucun participant en cadets : de tels chiffres auguraient des CFA périlleux pour les pugilistes du Comité de Normandie. Il n’en a rien été puisqu’un quartet de talent a su tirer son épingle du jeu. En effet, Lounès HAMRAOUI (-64 kg, Le Noble Art de Rouen), Enzo MARGUERITE (-69 kg, BC de Pont-Audemer), Louis AMELINE (-75 kg, RO Lexovien) et Baptiste CHEVAL (-75 kg, Jeunesse Sportive de Fleury/Orne) étaient encore en course pour le titre national, en seniors, à l’heure où débutaient les demi-finales des CFA.

Pourtant, et c’est là tout le paradoxe, les championnats régionaux, qui se sont tenus à Saint-Lô, laissaient penser que 2021 ne serait pas un cru majeur. La très faible quantité d’inscrits avait d’emblée donné le ton. « Quand on voit le peu d’engagés, on comprend que la Covid-19 a laissé des traces, déplore Abdelkader Bouhenia, Conseiller technique national (CTN) référent de la Direction technique nationale (DTN) en Normandie. Il n’y a pas eu beaucoup de combats. Les années précédentes, nous programmions quatre tours dans la plupart des catégories… Pourtant, l’Équipe technique régionale (ETR) avait organisé deux stages, au Havre et à Pont-Audemer, pour que les athlètes puissent retrouver les sensations inhérentes à la compétition. »

« Il faut reprendre le travail à la base, dès la boxe éducative »

Une initiative appréciable qui n’a pas suffi à relancer la machine chez tout le monde.  Président du Comité régional, Michel Corbière voit plusieurs raisons à cette défection quasi-généralisée : « La plupart les gens ne sont revenus à la salle qu’en septembre et beaucoup n’ont pas pu se préparer comme ils l’auraient voulu. Si bien qu’ils n’ont pas voulu prendre le risque de s’inscrire et de participer à une compétition donc ils connaissent la difficulté. Par ailleurs, des amateurs de bon niveau, qui avaient déjà une certaine expérience à leur actif, ont souhaité passer professionnels pour pouvoir continuer à s’entraîner pendant les confinements successifs. Enfin, des espoirs prometteurs, qui auraient normalement dû boxer depuis deux ans, n’avaient, du coup, pas à leur palmarès le nombre minimal de combats exigible pour être autorisés à s’aligner ensuite aux CFA. Bref, il faut reprendre le travail à la base, dès la boxe éducative. »

Sur le ring de Saint-Lô, tout n’a pas été probant. « Le bilan est mitigé car le niveau a été un peu en deçà, reconnaît Abdelkader Bouhenia. Je n’ai pas été impressionné par ce que j’ai vu. Dans l’ensemble, les finales ont été brouillonnes avec des garçons qui, souvent, boxaient à l’instinct. En outre, ils tardaient à entrer dans le combat. Ils laissaient passer une à deux minutes, parfois un round, avant de comprendre ce qu’il se passait. Et ce, au lieu de trouver la solution au bout d’une dizaine de secondes, de mettre rapidement en place leur schéma tactique et de s’y tenir jusqu’au bout. Ils n’étaient pas immédiatement sur l’adversaire. Et, à force de laisser à ce dernier la possibilité de s’exprimer, on a assisté à des retournements de situation. C’est pour cela que, lors des entraînements, j’insiste beaucoup sur les éléments technico-tactiques qui permettent d’être performant, à savoir, les préparations d’attaque, la continuité des actions, la faculté de ne pas déclencher pour rien, l’intelligence de ring etc. »

« Une génération qui esquive la compétition »

Le CTN regrette, de surcroît, que l’on ait affaire « à une génération qui esquive la compétition et qui ne veut plus aller au charbon. On manque de combattants, si bien que l’on fait avec les moyens du bord. Il n’y a pas beaucoup de concurrence. C’est ce qui nous fait défaut. Auparavant, il y avait des catégories extrêmement relevées. Là, on pouvait, dès le départ, prédire qui serait le champion alors que par le passé, c’était indécis dans la mesure où deux ou trois profils se démarquaient. »

Toutefois, le tableau n’est pas uniquement composé d’ombres. « D’un côté, j’ai été déçu par des éléments qui savent très bien boxer mais qui n’ont pas forcément réussi à se surpasser ; de l’autre, j’ai vu des profils avec peu de combats mais qui présentent des prédispositions et qui, à terme, sont susceptibles de performer, se réjouit Abdelkader Bouhenia. Quant aux filles, elles sont volontaires, toujours mobilisées et partantes. Elles ne chipotent pas. La plupart viennent de la BEA. Il y a une réelle dynamique chez les féminines. C’est très prometteur. Les mettre en lumière est d’ailleurs l’une des priorités du Comité. Nous allons redoubler d’efforts les concernant, en particulier en programmant, dans le cadre de l’ETR, des regroupements exclusivement à leur intention. » Parce qu’elles le valent bien.

Alexandre Terrini